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Campagne du Soldat François MARTIN.

21ème Régiment d'Infanterie.






François MARTIN est appelé à l'activité le 8 septembre 1914 et rejoint le 21éme Régiment d'Infanterie.


Le 21ème fut appelé à se rendre dans la Marne. Débarqué à Joinville il entre dans la bataille, dès le 8 septembre, après de longues étapes horriblement pénibles, sous un soleil de plomb. Enfin le 11 septembre l'ennemi se replie. La poursuite s'engage. Le contact s'effectue le 14 septembre au nord de Suippes. Du 14 au 30 le Régiment tient la première ligne devant le Bois de Sabot et repousse tous les efforts allemands.

Le 30 septembre l'ordre est donné d'attaquer le Bois de Sabot. Cette attaque ne donne aucun résultat et les pertes françaises sont considérables.



Sur toute l'étendue de la bataille le front se stabilise et la "course à la mer" commence, chacun des deux adversaires cherchant vers le Nord à déborder l'autre. Si la ruée allemande sur Lille est contenue, profitant d'un trou l'ennemi avance sur Lens et La Bassée. Le Régiment est appelé à aller lui tenir tête entre Lens et Notre Dame de Lorette.


C'est à ce moment que commence la tragédie sanglante de Notre Dame de Lorette qui va durer du 7 octobre 1914 au 15 décembre 1915.

Du 7 au 20 octobre 1914 les 1er et 3ème Bataillons tiennent sous un déluge de feu, perdant une grande partie de leur effectif mais ne cédant aucun pouce de terrain.

Du 7 au 20 octobre 1914, l'ennemi se rue sur les 1er et 3ème Bataillons qui défendent le carrefour des routes d'Angres et d'Arras. Les nôtres en font une hécatombe, ils tombent par tas. En janvier 1915, on en voyait encore où les cadavres feldgrau étaient assis les uns contre les autres. Mais le bombardement est effrayant et les pertes sont considérables ; il n'y a pas encore de tranchées.

Les pertes, sont énormes.

Au 3ème Bataillon la situation était identique. Pendant plus de huit jours, les 1er et 2ème Bataillons avaient tenu sous un déluge de fer. Ils y avaient laissé la plus grande partie de leurs effectifs et de leurs cadres, mais ils avaient brisé la ruée de l'ennemi sans lui céder un pouce de terrain et en lui infligeant des pertes énormes.

Le 28 octobre une ligne de meules est organisée ; l'ennemi déclenche une attaque, bouleverse la tranchée, brûle les meules avec ses obus. La petite troupe, plongée dans la fumée, n'y voyant plus, résiste à tous les assauts jusqu'à la nuit.

Le 12 octobre, à Loos, quelques hommes de la 6ème Compagnie tiennent toute la journée dans une maison bombardée et mitraillée avec une intensité formidable. Vers 16 heures, le feu éclate dans les décombres, les braves tiennent toujours. A 17 heures, la maison n'est plus qu'un brasier, elle va s'effondrer et l'ennemi la crible de balles et d'obus. A la faveur de la nuit, les derniers défenseurs parviennent à s'échapper.

Puis, depuis la fin d'octobre jusqu'au milieu de décembre, c'est la guerre de tranchées sur le front de Rutoire, à l'est de Vermelles.

Le 1er décembre, à l'est de Vermelles, la 10ème compagne participe à l'attaque. Elle enlève brillamment la tranchée ennemie qui est son objectif, et, pendant deux jours, repousse les plus violentes contre-attaques.

Du 17 au 20 décembre 1914, ce sont des attaques entre Noulette et Notre-Dame-de-Lorette. Les 2ème et 3ème Bataillons sont en soutien vers Noulette et le 1er Bataillon sur le plateau de Notre-Damede-Lorette. Mais la pluie et la boue sont telles que les attaques échouent. Le Régiment jusqu'à fin janvier prend le secteur entre la Fosse Calonne et la route d'Arras, puis entre la route d'Arras et Notre-Dame-de-Lorette (bois de Rouvigny). C'est alors la lutte contre un nouvel ennemi plus terrible que le boche : la boue, la boue dans laquelle on endure sans arrêt les pires souffrances, la boue qui produit les « pieds gelés ». La glaise gluante dans laquelle on s'enlise et dans laquelle on meurt.

Pendant le mois de février, le Régiment prend les tranchées dans le secteur du 33ème Corps d'Armée au nord du bois de Berthonval, devant Mont-St-Éloi. Les éléments au repos du Régiment sont à Béthonsart et Villers-Brûlin.

A la fin de février 1915, le Régiment vient au repos dans la zone d'Hersin-Coupigny pour y faire de l'instruction. Il y est à peine depuis quatre jours qu'une attaque ennemie enlève par surprise, le 3 mars, une partie du plateau de Notre-Dame-de-Lorette.

Le 5 mars, dans l'après-midi, les compagnies entrent dans les boyaux dans le but d'attaquer. Il est impossible de reculer ou d'avancer.

Une attaque a lieu, mais cette attaque n'est pas préparée par l'artillerie. Des mitrailleurs les prennent de flanc et elles progressent peu. Les pertes sont lourdes.

Quelques jours de repos à Olhain, Hermin, Barafle et Rebreuve et, le 1er avril, le Régiment remonte en ligne sur le plateau de Lorette. Il va préparer le terrain pour les attaques du 9 mai. L'ennemi nous envoie de nombreux minens et les pertes journalières sont élevées. En un mois, le Régiment perd 600 hommes. Puis l'ennemi, inquiet, lance des coups de sonde qui échouent. Le 24 avril, au soir, il tente un coup de main sur le boyau du « gros arbre » tenu par la deuxième Compagnie. Il échoue.

Dans la nuit du 8 au 9 mai, le Régiment faisait place et se formait en soutien dans le bois de Bouvigny, de la Faisanderie à la Forestière.


Avec le 9 mai 1915, commence la période héroïque, tragique et sanglante, des attaques continuelles qui va durer jusqu'au 12 octobre 1915.

Le 9 mai, les troupes d'attaque se jetaient sur les positions boches. Malheureusement, sur le plateau bouleversé, véritable labyrinthe de tranchées tenu par des troupes d'élite, appuyées par une artillerie formidable, la progression n'avait pas été aussi rapide.

C'est la progression lente à travers un terrain dévasté et vu de toutes parts, battu par les mitrailleuses ennemies un bombardement inouï. L'avance n'est que de quelques mètres et elle a coûté cher.

Bataillon intervient à son tour, dès le 11, sur le Plateau, s'empare de plusieurs tranchées et repousse de violentes contre-attaques du côté de la « Blanche Voie ». Ses pertes étaient sérieuses.

Ordre est donné au 3ème bataillon de s'emparer, coûte que coûte, de la Chapelle, sans préparation d'artillerie. A 16 heures, le Bataillon, en deux colonnes, se met en marche dans les trous d'obus : à droite, la colonne principale à gauche, un peloton. On progresse de trous d'obus en trous d'obus, sous le feu des mitrailleuses, qui prennent les assaillants de tous côtés. La colonne de droite s'empare de la Chapelle, s'y organise et la conserve au prix de pertes élevées. Dans les jours qui suivent, les unités du Régiment engagées subissent un bombardement insensé d'obus de tous calibres.

Le 13, le 1er Bataillon fait encore quelques progrès au-delà de la Chapelle, puis, le 19 Mai, le Régiment passe la main à d'autres unités.

Le 19 mai, le Régiment s'en va au repos à Beugin, puis, au bout de quelques jours, vient bivouaquer dans les bois de Verdrel et de Bouvigny. Le 29 mai, le 3ème Bataillon subit, dans Bouvigny, un violent bombardement. Puis, le 3 juin, le Régiment retourne dans les cantonnements de Rebreuve. Le 10 juin, il remonte en ligne sur le plateau de Lorette.

Du 13 au 16, le 2ème Bataillon participe à plusieurs petites attaques locales et y perd beaucoup de monde. Le 16, c'est l'attaque générale. A midi 15, l'attaque se déclenche. Malheureusement, le terrain n'est pas organisé ; pas de tranchées de départ, simplement des boyaux, dont il faut sortir un par un, puis se déployer. L'artillerie ennemie n'est pas muselée : elle exécute sur la zone de départ un effroyable bombardement et, bien avant l'heure de l'attaque, les pertes sont considérables. Malgré tout, l'attaque débouche, mais, en face de l'effroyable feu d'artillerie et de mousqueterie qui la reçoit, elle ne peut atteindre tous ses objectifs et s'organise sur le terrain conquis, où elle reçoit plusieurs contre-attaques.

Le résultat était cependant réel, puisque l'avance nous donnait toutes les vues directes sur le fond de Souchez, le village et les crêtes d'en face et rejetait définitivement les Allemands au delà du plateau. L'ennemi avait réagi par un bombardement d'une violence inouïe et les cadavres déchiquetés garnissaient le terrain.

Ces dures journées avaient coûté au Régiment tout près de 800 hommes hors de combat. Le 19 juin, le Régiment est relevé et s'en va cantonner à Houdain, Mesnil, puis Bruay, après l'explosion d'un dépôt de munitions qui tue un homme et en blesse quatre. Le 8 juillet, le Régiment remonte une fois de plus sur le plateau de Lorette. Il y restera jusqu'au 28 juillet, participant à des combats locaux à la grenade qui coûtent cher, subissant, sans interruption, des bombardements d'une violence inouïe. Sans participer à une attaque, il perdra souvent plus de vingt hommes par jour.

Le 28 juillet, le Régiment va cantonner dans la zone Bailleul-lès-Pernes - Aumerval. Pour la première fois depuis octobre 1914, il va au repos à une trentaine de kilomètres à l'arrière, dans un lieu calme et silencieux, où le bruit du canon et de la fusillade ne viendra plus irriter les nerfs et ébranler les cerveaux les plus solides.

Le 26 août, le Régiment monte en ligne sur le plateau de Lorette. La physionomie du secteur n'a pas changé. Les bombardements ennemis sont incessants, les tranchées et les boyaux perpétuellement bouleversés ; le sol est un chaos, mélange de trous et de cadavres.

Le Régiment tiendra le secteur jusqu'au 25 septembre 1915. Par un travail incessant, il refait ce que les obus de l'ennemi détruisent et il prépare le terrain pour la grande attaque que tout le monde sent prochaine.

Dans la nuit du 24 au 25 septembre, les 1er et 3ème Bataillons se placent face à leur objectif : le village de Souchez et les coteaux de Givenchy au delà. A 12 h.25 les vagues d'assaut s'élancent et enlèvent leur objectif. Malheureusement, les unités de soutien, prises sous un effroyable tir de barrage, n'ont pu suivre les premières vagues. Chargées de nettoyer les premières lignes ennemies, elles n'ont pu le faire, et, derrière les vagues d'assaut, des multitudes d'Allemands sortent de leurs trous et tirent dans le dos des unités françaises qui les ont dépassés. Pendant toute l'après-midi, la situation est critique. Plus de communication avec l'arrière. Tous les agents de liaison, tous les blessés qui essaient de regagner nos lignes de départ sont blessés ou tués.

Enfin, à la nuit, la 12ème Compagnie se jette sur l'ennemi et s'empare de 200 prisonniers et de plusieurs mitrailleuses, nettoie le terrain et rétablit les communications entre l'avant et l'arrière.

Le 26 la progression continue. Le 27, au matin, le Régiment, accroché aux flancs des coteaux qui séparent Souchez de Givenchy, attaque les tranchées de Halle et de Brème sur la crête. Malheureusement la préparation d'artillerie, mal réglée, éparpille un certain nombre de ses coups dans nos propres tranchées et désorganise les vagues d'assaut qui ne peuvent déboucher.

Le 28, dans l'après-midi, l'attaque est reprise. Malheureusement encore, un certain nombre de coups courts de notre artillerie tombent sur nos unités de tête prêtes à l'attaque.

A l'heure H, les 3ème et 1er Bataillon du Régiment s'élancent superbement en avant. La tranchée d Brème a beau être forte, il semble qu'elle ne pourra tenir sous un tel assaut. Mais, dès que les Bataillons dépassent la crête militaire et débouchent, sur le glacis qui couronne le Plateau, ils sont pris de front et de flanc sous un effroyable feu de mitrailleuses. Les pertes sont énormes. La marée humaine monte toujours et il semble qu'elle va tout submerger. La tranchée de Brème, qui couronne la crête et qui est l'objectif, est là tout près. On va l'atteindre, quand, brusquement, la vague se heurte à un réseau de fil de fer intact : arrêt brusque. A ce moment même, nos propres obus tombent dans les unités de tête qui n'ont plus d'officiers et la fusillade fait rage. Les morts et les blessés tombent par dizaine. La vague recule d'une centaine de mètres, s'accroche au terrain e s'enterre.

Pendant ces journées du 25 au 30 septembre, les pertes avaient été lourdes. En dehors des officiers, le Régiment avait laissé : 167 tués et 366 blessés.






Le 28 septembre 1915 le soldat MARTIN François , est porté disparu entre Souchez et Givenchy

Le décès est fixé au 28 septembre 1915 par jugement déclaratif du Tribunal de Limoges le 19 novembre 1920.